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Automne, octobre a Alger voir ce film avec sous-titres 4K

AUTOMNE -OCTOBRE À ALGER

Film algérien de Malik LAKHDAR-HAMINA

Malik Lakhdar-Hamina a de qui tenir puisqu'il est le fils de Mohamed Lakhdar-Hamina, ancien grand patron de la cinématographie algérienne, en son temps consacré à Cannes (1 967. Le vent des Au rès, 1 974. Chronique des années de braise), et représentant le plus talentueux de ce qu'un critique avait appelé "le monumentalisme".

Rien de tel cependant dans le film du rejeton qui semble parfois techniquement un peu bricolé mais qui est sincèrement écrit à la pre¬ mière personne. Le réalisateur s'est même réservé le rôle du héros Djihad, leader d'un groupe de rock -musiques de l'excellent Safy Boutella -en bisbille avec les auto¬ rités pour faire lever la censure à rencontre d'un clip vidéo jugé obs¬ cène, alors que lui et ses copains n'y ont mis que leur désir de liberté.

Les déboires de ces nouveaux jeunes gens en colère peuvent paraître futiles en regard du grand désarroi de la jeunesse algérienne, prête à céder à tous les vertiges à force de désœuvrement et de découragement. Mais, situé à la veille des sanglantes manifesta¬ tions d'Octobre 88, le film, par-delà l'anecdote, retrace avec parfois des bonheurs de cinéma-vérité à l'italienne, la mal-vie au quotidien dans une cité surpeuplée, ration¬ née, sinistrée.

Dès lors, les flots d'amertume des petits destins individuels sans

cesse contrariés, bafoués, iront grossir la marée des mécontente¬ ments, et ce sera l'émeute et la fureur de la répression. Le régime chancelant du président Chadli et du Parti unique pourra bien lâcher du lest. Il est trop tard. L'intégrisme a déjà fait pousser ses fleurs véné¬ neuses sur les désillusions et les rancœurs.

Tourné sans autorisation en 1992 dans le tohu-bohu de la campagne pour les législatives, à la barbe des sectateurs du FIS et sous le nez des zélateurs du pouvoir en place qui jouaient férocement aux cow-boys et aux indiens, le film gagne une réelle authenticité dans cette atmosphère de risque-tout. Ne manquent même pas les séquen¬ ces cocasses nées du marasme et qui ne s'inventent pas, comme cet usage imprévu du funiculaire de Belcourt pour pallier les désordres amoureux qu'engendre la crise du logement. A condition de graisser la patte du wattman et d'y aller à la sauvette. D'autres couples impa¬ tients attendent ce drôle d'embar¬ quement pour Cythère.

Et puis, il y a aussi, comme une vision de la terre promise, Alger nocturne, plus livide que blanche, frappée d'hypnose sous le fard des réverbères, sans doute saoulée de beuveries idéologiques, mais encore d'une beauté à couper le souffle. Tout le film avec elle sou¬ pire après la vraie vie.

Luth. ** Alcool de figue. *** En France, où les "rigueurs morales" sont moins strictes, il aura tout de même fallu attendre huit ans pour que ce film, honoré dans de multiples festivals, sorte enfin sur les écrans. Sans commentaires.